Avec l’enthousiasmante Danse pour l’opéra Garnier-Paris et le nu du fronton du pavillon de Flore intitulé Le triomphe de Flore au palais du Louvre-Paris s’ajoutent la légèreté et le plaisir des sens ce qui fera polémique à l’époque et choquera.
Mais dès ses débuts, sa sensibilité exacerbée l’entraine aux extrêmes, la violence côtoyant la tragédie dans des scènes de naufrages ou des « Autoportraits » douloureux par exemple –Carpeaux criant douleur-.
Puisant son inspiration dans l’allégorie, la mythologie grecque ou romaine, dans la Bible avec un sens de la psychologie unique, il met en scène ses personnages avec une densité dans les regards, un mordant dans l’expression que ceux-ci nous semblent ni de marbre, ni de plâtre. Seul un artiste passionné peut revendiquer pareille illusion.
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En 1861, il choisit un thème à la mesure de ses tourments : l’anthropophage Ugolin ! Il imagine un groupe tiré du chant XXXIII de l’Enfer de Dante : Ugolino della Gherardesca, tyran de Pise au XIIIe siècle, est condamné par son rival, l’archevêque Ruggiero Ubaldini à être muré vivant avec ses fils et petits fils dans la tour de la Faim. En le voyant se mordre les mains de désespoir, ses enfants lui proposent, par piété filiale, de les dévorer…
Tout en torsions et distorsions, écheveau de membres, Jean-Baptiste Carpeaux signe là son chef-d’œuvre « Ugolin et ses fils » (1861). Effrayant de détresses humaines exprimant les passions les plus violentes et y attachant la tendresse, la plus délicate, chaque enfant représentant une étape vers la mort.
Il disait de la sculpture que c’était un art sublime
« mais combien de tourments pour arriver à rendre une œuvre complète, pour ne pas faire naufrage pendant le cours de l’exécution ».
A observer son Ugolin, nous en sommes convaincu !
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