Avec Les Tirs, on reconnaît toute la puissance subversive. La représentation d’une violence matérialisée, un moyen d’extérioriser ses démons intérieurs. Inévitablement liés à la mort, les Tirs, paradoxalement, redonnent vie, car l’artiste tire sur des poches de peinture, éclaboussant de couleurs les tableaux-assemblages.
« J’imaginais la peinture se mettant à saigner. Blessée de la manière dont les gens peuvent être blessés. Pour moi la peinture devenait une personne avec des sentiments et des sensations ».
« Je suis parvenue à apprivoiser mes monstres, à jongler avec eux » dira-t-elle
C’est dans un hôpital psychiatrique, à l’âge de 23 ans, qu’elle découvre la puissance créatrice qui délivre. Atteinte d’une grave dépression, elle est hospitalisée à Nice. Elle réalise ses premiers collages et commence à peindre avec frénésie.
« J’ai commencé à peindre chez les fous… J’y ai découvert l’univers sombre de la folie et sa guérison, j’y ai appris à traduire en peinture mes sentiments, les peurs, la violence, l’espoir et la joie ».
Le rapprochement avec l’Art Brut, Jean Dubuffet (voir notre article) et l’Art des fous est évident.
Féministe convaincue, Niki de Saint Phalle est aussi de tous les combats du XXe siècle. Elle fut l’une des premières artistes à aborder la question raciale, à défendre les droits civiques et le multiculturalisme américain. La première encore à utiliser l’art pour sensibiliser le grand public aux ravages du sida.
C’est un beau message que nous délivre Niki de Saint Phalle. Qu’il est possible de transformer le chaos en un jardin coloré, exaltant, conquérant par la puissance créatrice. Elle restera fidèle à son désir de rendre les gens toujours heureux et « réjouir les cœurs et les yeux » jusqu’à sa mort le 21 mai 2002 en Californie (Etats-Unis).
Pour aller plus loin :
- Les enregistrements disponibles à l’INA : http://www.ina.fr/
- L’album de l’exposition « Niki de Saint Phalle » au Grand Palais : http://www.boutiquesdemusees.fr/
- Le livre « Niki de Saint Phalle, la révolte à l’oeuvre » très documenté, écrit par Catherine Francblin et publié chez Hazan.