L’essence même des choses

Georgia O’Keeffe ou l‘essence même des choses

Bien qu’elle ait obtenu le prix de la meilleure nature morte, Georgia est découragée par le côté académique et conventionnel de cet enseignement qu’elle qualifie de pure imitation stylistique. Et ce n’est pas sa voie. Ce qui l’anime et l’a fait vibrer, c’est le ressenti, c’est la profondeur du sentiment éprouvé dans la perception de la réalité.


Et elle a des idées très nettes sur les sujets de ses œuvres futures :

 

Georgia O'Keeffe - 1887-1986« Je sais que je suis incapable de peindre une fleur, je ne sais pas non plus peindre le scintillement du soleil sur le sable par un beau matin d’été, mais j’espère pouvoir à travers la couleur transmettre mon expérience de la fleur ou l’expérience que la fleur rend importante pour moi à un moment donné ».

 

Sa lecture de l’ouvrage de Vassily Kandinsky (voir notre article) « Du spirituel dans l’art » renforce sa conviction. Pour ce maître de l’abstraction, couleurs et formes ne doivent plus être tributaires de la nature en tant que modèle mais exprimer les sentiments du monde intérieur de l’artiste : l’oeuvre d’art est une transposition visuelle de la perception que l’artiste a de la vie.

 

« J’ai décidé de recommencer à zéro, de me débarrasser de tout ce qu’on m’avait enseigné, de valoriser ma propre pensée ».

 

Autre rencontre décisive pour Georgia O’Keeffe, le photographe Paul Stand. Sous l’influence du cubisme, celui-ci photographie des objets ordinaires de très près, dans une lumière appropriée. Après agrandissement, ils se transforment en images presque abstraites.

Paul Strand - Photographe

« Il me semble que ces derniers temps, j’ai regardé les choses et que je le vois comme tu les photographierais… Je crois que vous autres, les photographes, vous m’avez fait voir, ou plutôt fait sentir des couleurs nouvelles. Je ne peux pas en dire plus, mais je crois que je vais arriver à les peindre ».

(suite)