Le temps du mouvement
A Vienne, l’aventure prend forme en 1898 avec la construction d’un lieu d’exposition indépendant, « Le temps du mouvement », sur un terrain mis à la disposition par la ville et construit avec le soutien d’un grand mécène autrichien, l’industriel Karl Wittgenstein.
L’architecte Joseph Maris Olbrich signe là un bâtiment typique de l’Art Nouveau. Visible de très loin, la coupole de feuilles dorées, symbole de la Sécession, figure parmi les édifices les plus connus de Vienne.
Au-dessus de l’entrée du pavillon, cette devise :
« A chaque époque son Art, à l’Art sa liberté »
inscrite en lettres d’or.
L’utilisation de l’or est caractéristique de l’art de la Sécession, comme le choix d’allégories métaphysiques, rendant ainsi à l’art sa nature sacrée. A cette même époque, en France, le mouvement Nabi soutenait également cette thèse. Nabi étant un dérivé de l’hébreu signifiant « orateur », ou « annonciateur », l’Occident l’ayant traduit par « prophète ».
Chaque année, La Sécession organise de grandes expositions. La plus prestigieuse est celle de 1902, montée autour d’un hommage à Beethoven et de son œuvre la « 9e symphonie ».
Au Temps de Klimt, la Sécession à Vienne
L’exposition, que nous a proposée la Pinacothèque en 2015, racontait en détail le développement de cet art viennois jusqu’aux premières années de l’expressionnisme.
Après avoir introduit le contexte de l’empire austro-hongrois à l’aube du siècle dernier, l’exposition s’attardait particulièrement sur la vie et l’œuvre de Gustav Klimt, figure emblématique de la Sécession, de ses premières années d’études jusqu’aux grandes œuvres de son « Àge d’or ».
On retrouvait deux tableaux majeures de l’artiste :
- la si érotique « Judith et Holophernes » peinte en 1901 et
agrémentée de feuilles d’or et d’argent afin de restituer tout le réalisme de la joaillerie.
- et l’extraordinaire « Frise de Beethoven« , œuvre monumentale de 34 mètres de long sur 2 mètres de haut et composée de trois volets, reconstituée à l’échelle et présentée pour la première fois en France. Elle évoque les sentiments perçus à l’écoute de la 9e symphonie de Beethoven, mélange de désir irrépressible de l’humanité d’accéder au plaisir et au bonheur suprême malgré l’adversité et les épreuves de la vie.
Egalement présentés : « L’Aspiration au bonheur avec Le Chevalier d’or », « Les Forces du Mal avec Les Trois Gorgones et Le Chagrin qui ronge » et pour finir « L’Hymne à la Joie ».
Stuc, dorures, morceaux de miroirs, éclats de verre dépolis, Klimt est à l’apogée de son art.
Tout au long de l’exposition, un ensemble de documents rares ayant trait à la vie de l’artiste, à sa famille et à ses frères Ernst et Georg, artistes comme lui, accompagnait le visiteur.
Les personnalités artistiques ayant influencé son art étaient évoquées grâce à un choix de peintures provenant du Belvédère, présentées à côté d’œuvres racontant l’histoire des mécènes du mouvement et les premiers travaux de l’avant-garde autrichienne, tels Egon Schiele et Oskar Kokoschka.
La dernière section de l’exposition était consacrée aux arts viennois, aux anciens et raffinés métiers de l’artisanat d’art, qui ont donné naissance à des pièces de mobilier et des bijoux précieux, à de splendides céramiques, de l’argenterie, toute la richesse des arts décoratifs de cette époque.
Soit plus de 180 œuvres issues des collections du musée du Belvédère de Vienne ainsi que de collections privées.
Pour aller plus loin :
Catalogue édité à l’occasion de l’exposition à la Pinacothèque de Paris. Un très bel ouvrage comprenant 200 illustrations. Ecrit par Alfred Weidinger , édité chez 24 Ore Cultura (1 février 2015)